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Une Ballade pour les Sans-papiers
(Attaquons la misère, pas les étrangers)

C’est un blues en Ré qui rappelle que les étrangers ne sont pas forcément ces barbares, pillards et affamés que nous dépeignent hommes et femmes politiques. Ce sont bien souvent des êtres humains qui souffrent, qui sont exploités et qui ont mille raisons de ne pas rester, non pas chez eux – car nous devrions tou(te)s nous sentir partout chez nous –, mais là où ils et elles sont né(e)s. Comment reprocher à quelqu’un de venir dans notre pays quand on va soi-même passer ses vacances dans le sien… C’est aussi cette liberté de circuler qui nous permet de voyager. Ma pensée se rapproche de celle de Lofofora que je cite approximativement : « plusieurs couleurs pour une seule espèce » ou celle de Thiéfaine quand il chante : « Tous […] de race humaine, de nationalité terrienne ». Tout est à nous, la Terre nous appartient !

Il est sorti dans la rue, furtivement personne ne l’a vu
Il marche vers son boulot, un boulot couleur de sa peau
Il bosse pour trois fois rien, tous les jours du soir au matin
A l’atelier, faut pas râler, on a vite fait d’te remplacer
C’est une histoire de sans-papiers, une sombre histoire d’identité.

De quel pays vient-il ? qu’est-ce qui l’a poussé à l’exil ?
Si on a pas de bonnes raisons, pourquoi donc quitter sa maison ?
Pour cause d’épuration ethnique ? Ou pour ses idées politiques ?
Le chômage ? un virus ? la misère ? l’intégrisme ? ou la guerre ?
C’est une histoire de sans-papiers, une pauvre histoire de réfugiés.

Depuis l’temps qu’il est affamé, il a eu l’temps de digérer
La logique du profit, celle qu’a ruiné tout son pays
Puisqu’il faut être compétitif, il vient se vendre à des tarifs
Qui te font perdre ton boulot, mais qui font l’jeu des capitaux
C’est une histoire de sans-papiers, une sale histoire de marché.

 « Lorsque la liberté est mise hors la loi, seuls les hors la loi sont libres »
Graffiti

La radio dit qu’les étrangers, nous empêcheraient de travailler
Mais elle parle pas du patron, qui suit la logique du pognon
Là où l’travail est sous-payé, c’est là qu’il a délocalisé
Qui t’envoie à l’A.N.P.E. ? Le patron ou les miséreux ?
C’est une histoire de sans-papiers, juste une histoire d’exploités.

Mais si chez eux y avait des sous, penses-tu qu’ils voudraient v’nir chez nous ?
Mais si chez toi y a du travail, y a bien moins d’raisons qu’tu t’en ailles
En résumé, les immigrés, c’est des chômeurs, l’espoir au cœur
Qui sont partis gagner leur vie, loin de leurs parents, leurs amis
C’est une histoire de sans-papiers, une simple histoire d’égalité.

Et puis même si c’était pas ça on d’vrait quand même avoir le droit
D’s’en aller faire sa vie, à l’endroit où on a envie
Sans que des lois faites par des riches et appliquées juste pour les riches
Interdisent aux étrangers ce qu’on leur montre à la télé
C’est une histoire de sans-papiers, une vieille histoire de liberté.