De Paris à Champigny 
        C’est ma ligne de vie 
        Venez visiter mon pays 
        Venez voir comme il est joli 
        Découvrez en une ½ heure 
        Un panorama enchanteur 
            Faites le plein d’émotions rares 
        Dans un train de tôle ondulée 
        Qui vous arrache de la gare 
        Dans un gémissement d’acier 
        Mais il vaut mieux se cramponner 
        On est secoué de tous côtés  
             Voilà déjà la première gare 
        Ah, oui, c’est celle de Pantin 
        Avec son nom comme un miroir 
        Clin d’œil à l’honnête citoyen 
        C’est au pied de ces grands moulins 
        Qu’j’ai tiré sur mon 1er joint 
            Comme au débouché d’un canyon 
        S’ouvre soudain le paysage 
        Aux alentours y a plus personne 
        Kiffer donc la gare de triage 
        Seuls les tags sur les wagons 
        Témoignent d’une vie aux environs 
            Ne manquez pas les entrepôts 
        Ni les usines délabrées 
        Avec leurs vestiges de carreaux 
        Et leurs palissades éventrées 
        Le béton et le fer rouillé 
        Y a rien de mieux pour faire rêver 
            Tiens v’là la gare de Noisy-l’Sec 
        C’est là que j’ai passé mon Bac 
Ça fait le même effet sans déc’ 
        Que de goûter de la matraque 
        Sorte de rite d’initiation 
        Pour les peuplades de la région 
            Dans une plantation d’H.L.M 
        Peut-être que vous apercevrez 
        Ceux qu’on a viré du système 
        Pour la réserve de leur cité 
        Offrez-vous le frisson d’la zone 
        Hors de portée des autochtones 
          Ah ! voilà d’la végétation 
On doit être assez loin de Paris 
Mais c’est bizarre elle sent pas bon 
Et pis elle est toute aplatie 
A croire que comme les habitants 
Elle ne sait pas vivre autrement 
          
            
              « La patrie, je chie dessus, voilà où j’en suis aujourd’hui. On se fait tuer pour engraisser une bande de voleurs et d’assassin » 
                  Courrier d’un poilu du 58ème D.I. cité par Jean Nicot in Les Poilus ont la parole (Editions Complexe, Paris, 1998 et 2003)  | 
             
                      | 
        
              
                Au départ, cette compo acoustique, en Mi, s’intitulait pour  des raisons évidentes : « ligne de vie ». jouant sur le bogie du  train et le boogie du rythme, j’ai finalement choisi d’inscrire ce titre dans  la constellation des Mojo Boogie, auprès de ceux d’Hubert-Félix Thièfaine et de  Johnny Winter. Pour l’histoire, le texte en parle assez... Un petit détail  quand même ; depuis, la S.N.C.F. a rénové son réseau ferré, nettoyant au  passage une bonne partie des usines fantômes et des entrepôts en ruines qui  constituèrent le décor de ma jeunesse. Maintenant, on ne prend plus le train à  Gare de l’Est pour se rendre à Champigny et c’est le R.E.R. qui traverse ces  lieux pernicieux…  | 
               
                         
          Dans un couloir de réclames 
On est accueilli à Rosny 
Cité dortoir, ville sans âme 
Les commerces polarisent la vie 
C’est dans ce décor de bonheur 
Qu’a vu le jour, qu’j’ai ma petite sœur 
          L’hospitalité légendaire 
            D’ceux qui voyagent à vos côtés 
            Lèvres pincées, œil de travers 
            Aura tôt fait d’vous sidérer 
            N’essayez pas de leur parler 
            Ils croiraient qu’vous les agressez 
          Le terrain vague traditionnel 
            Avec ses collines d’ordures 
            Propose un site exceptionnel 
            Aux amoureux de la nature 
            Venez respirer un air pur 
            Parfumé aux hydrocarbures 
          Contemplez à Fontenay-sous-Bois 
            Cette superbe cité de verre 
            C’est là que pour la première fois 
            Je m’suis vendu contre un salaire 
            Tant de souvenirs prestigieux 
            Sur une simple ligne de banlieue  
          Sacrifiez à la tradition 
            Obtempérez au contrôleur 
            Répondez à toutes ses questions 
            Il est inculte n’ayez pas peur 
            Pour un souvenir encore plus fort 
            Offrez-vous donc la fouille au corps 
          Pittoresques maisons de banlieue 
            Aux murs dégoulinants d’ennui 
            Paraboles et chien dangereux 
            Ici on est au paradis 
            Mais il vaut mieux ne pas traîner 
            Ici les anges sont armés 
          Champigny on est arrivé 
            Vous qui s’rez bientôt reparti 
            Je peux maint’nant vous confirmer 
            C’que vous aurez déjà compris 
            Jamais j’irai donner ma vie 
          Pour aller défendre la patrie.  |