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La peau du chagrin

Au commenc’ment, j’trouvais même ça marrant / V’là que j’pouvais gagner d’l’argent en toute légalité / J’étais dev’nu salarié et même mes parents / S’mettaient à m’considérer avec un brin d’fierté / Mais c’est petit à p’tit, à la longue que j’me suis dit / Tu bosses tous les jours comme un con, t’as plus l’temps d’écrire de chansons / Le soir t’es crevé, l’matin t’es fatigué / T’as l’week-end pour récupérer avant une semaine à tirer.
J’ai commencé à m’demander si j’vivais vraiment la vie qu’j’avais envie …

Faisons un tour d’horizon, examinons les solutions / Qui sont à notre disposition pour gagner notre intégration / Intérim, C.E.S, C.N.E, A.N.P.E /
A part ces quatre lascars, y a pas d’lézard c’est le trottoir / On crie vive le progrès, vive les congés payés / C’est vrai qu’depuis l’début du siècle, la production a doublé / Les profits, augmenté, est-ce que la bourse va exploser ? / Mais la médaille a deux côtés et le chômage a quadruplé.
J’ai commencé à m’demander si on vit vraiment la vie qu’on a envie …

Toute ma vie est tributaire, de la misère d’un salaire / D’un salaire de misère dans une situation précaire / Et pour m’épanouir, j’ai mon quota de loisirs / L’art et ses impulsions, t’en parleras à mon patron
J’avais là devant moi les joies et les aléas du salariat…

Et puis la ruse est essentielle pour ce système criminel / On nous promet le 7e ciel sous la formule du temps partiel / Mais si tu turbines à moitié, est-ce que t’auras de quoi payer / Les courses et le loyer ? le gaz et l’électricité ? / Restrictions budgétaires, licenciements structurels / Et toujours ceux qui galèrent qu’augmentent en nombre exponentiels / On naît avec une cage comme au vieux temps de l’esclavage / Si tu refuses le marchandage, on te laisse pourrir avant l’âge.
Y a de quoi se d’mander si on vit vraiment la vie qu’on a envie…

« J’ai horreur de tous les métiers »
Rimbaud, Le Mauvais sang.

Et tous les jours de l’année, tu devras être disponible / C’est ça qu’ça veut dire êt’ "flexible", êt’ toujours prêt à boulonner / Il te faudra adapter ton appétit biologique / Comble de la logique, à l’appétit du marché
On t’donnera du turbin si demain l’économie en a besoin

On peut trouver déplacé d’oser cracher sur le taf / En cette période d’austérité où tant de gens sont en carafe / Mais le principe élémentaire de cette logique meurtrière / C’est que la peur de la misère fait accepter les bas salaires / Voilà les 35 heures, ouh la la quel bonheur ! / 800 millions d’êtr’ humains qui meurent encore de faim / Ecoute donc ma proposition, partageons tous la production / 6 milliards de mecs au labeur et vive la semaine de 4 heures.
Trimons pour le genre humain et non plus pour le profit de quelques uns

On est d’accord pour travailler, on veut pas s’remettre à chasser / Mais dans ces conditions, ça pue trop l’exploitation / Aujourd’hui on en a les moyens d’offrir le confort à chacun / Bossons selon nos besoins, reprenons not’ destin en main
Et gardons notre énergie pour vivre la vie qu’on a vraiment envie...!

Perds pas ta vie à la gagner !

Une piste en Mi pour combattre l’oppression salariale ! Le riff m’a réveillé en pleine nuit. Par son côté biscornu, dégingandé, j’en attribue la paternité à la fois à Jimmy Page et Joe Perry. Dans ma tête, il sonne plus rap, mais on n’avait pas de scratch pour l’enregistrement. Il serait sans doute pas mal non plus chanté à deux voix… L’avenir nous le dira peut-être ? Enfin, pour ceux et celles qui ne connaissent pas l’argot, le « chagrin » c’est le « travail »…