Ñwari ba malfey
Frères de la Côte

« L'honnêteté ne vit pas à genoux, prête à ronger l'os que l'on daigne lui jeter. Elle est fière pas excellence. Je ne sais pas si je suis honnête ou non, mais je dois t'avouer qu'il m'est insupportable de supplier les riches de m'accorder, au nom de Dieu, les miettes de tout ce qu'ils nous ont volé. Je viole la loi ? C'est vrai, mais elle n'a rien à voir avec la justice. En violant les lois promulguées par la bourgeoisie, je ne fais que rétablir la justice bafouée par les riches, qui volent les pauvres au nom de la loi. »
Ricardo Flores Magon (1873 - 1922)

 

Moi je voudrais marcher
Sur des ch’mins au soleil
Mais ça n’est autorisé
Qu’avec un gros panier d’oseille

On a mis des pancartes
Pour diriger nos vies
Et celui qui s’en écarte
Par les autres est puni

Moi j’ai vu mon panneau
Mais ne peut m’en satisfaire
Une vie à courber le dos
Et pour toujours racler la terre

A l’abordage des marchands
Et de toute autorité
Ils font trembler les tyrans
Dès qu’ils recouvrent la liberté

Leur pavillon est noir
Frappé d’une tête de mort
Il rassemble dans l’espoir
Tous ceux qui refusent leur sort

Le capitaine Johnson, alias Daniel Defoe, rapporte dans son « Histoire générale des plus fameux pirates » qu’une colonie de mutins se seraient établie aux environs de Diego Suarez, au Nord de Madagascar, donnant à leur commune libre le nom de Libetalia. La démocratie directe était mise en pratique par la participation de chacun aux décisions communes, sur terre comme sur mer. On y pratiquait la pêche, la chasse, l’agriculture et l’élevage en commun, tout devant être pour tous, la propriété privée étant aboli, l’argent était devenu inutile. Sur les bâtiments arraisonnés pour se procurer tout ce qu’ils ne pouvaient fabriquer, ils proposaient aux esclaves prisonniers comme à l’équipage de les rejoindre sur un pied d’égalité pour défendre la liberté qu’ils venaient proclamer et combattre les oppresseurs et non les opprimés. Dans la volonté d’effacer les frontières entre les nations, ces hommes s’étaient baptisés Libéri et condamnaient le système marchand basé sur la propriété, l’esclavage et le nationalisme tout en défendant les valeurs de justice, de démocratie et de liberté.

Et me voilà embarqué
Pour une pitance avariée
Des quarts toujours augmentés
Et une paie toujours amputéeQu’avons-nous donc à perdre
Assurément peu de chose
De cette existence de merde
Que nos maîtres nous imposent

On nous a dit cent fois
Que l’on risquait la mort
Marin réveille-toi
Notre navire est bourré d’or

 

A première vue, cette chanson pourrait sembler hors-propos, mais il suffit de se souvenir que l'histoire de Madagascar, c'est aussi l'histoire de l'Afrique. Tout ce que nous savons de Libertalia, nous le tenons de Daniel Defoe, ce célèbre écrivain qui savait s'y prendre pour nous faire rêver...
Cette fresque musicale essaie de mettre en scène des personnages exprimant leurs convictions et leurs motivations. Ainsi, le discours que Pascal nous fait entendre est un résumé de ce que l'auteur de "Robinson Crusoé" en raconte dans "L’histoire générale des plus fameux pirates", paru en deux tomes entre 1724 et 1728, tandis que ce qu'énonce Manu n'est autre que le discours du capitaine Samuel Bellamy s’adressant à un matelot d'un navire dont son équipage venait de s’emparer... Accordage en Ré ouvert !

 

Paix à tous les mat’lots
Et guerre aux capitaines
Les coups de fouet dans le dos
Cicatrisent dans la haine

Hisse donc le drapeau noir
Frappé de la tête de mort
C’est bien celui de l’espoir
Pour tous ceux qui refusent leur sort

A l’abordage des marchands
On attaque toute autorité
On fait trembler les tyrans
Dès qu’on retrouve la liberté

Tu n’es qu’un chiot rampant, comme tous ceux qui consentent à se laisser gouverner par des lois que les riches imposent à leur avantage, parce que ces canailles n’ont rien trouvé de plus efficace pour garantir leur propre sécurité. Ah, mais vous pouvez tous aller au diable : eux parce qu’ils ne sont qu’une bande d’habiles fripouilles et vous, qui les servez, parce que vous êtes stupides et lâches. Ils nous condamnent ces crapules, alors qu’en vérité, la seule différence entre nous, c’est qu’ils volent les pauvres sous le couvert de la loi, et que nous pillons les riches sous le couvert de notre seul courage ! Ne ferais-tu pas mieux de devenir l’un des nôtres plutôt que de lécher le cul de ces ordures pour trouver du travail ? 

C’est la fureur des océans,
la force de la mer et du vent

C’est la vengeance des pauvres gens,
marins, ouvriers, paysans