Moi je voudrais marcher 
          Sur des ch’mins au soleil 
          Mais ça n’est autorisé 
          Qu’avec un gros panier d’oseille 
          On a mis des pancartes  
            Pour diriger nos vies 
            Et celui qui s’en écarte 
            Par les autres est puni 
          Moi j’ai vu mon panneau 
            Mais ne peut m’en satisfaire 
            Une vie à courber le dos 
            Et pour toujours racler la terre 
          A l’abordage des marchands 
            Et de toute autorité 
            Ils font trembler les tyrans 
            Dès qu’ils recouvrent la liberté 
          Leur pavillon est noir 
            Frappé d’une tête de mort 
            Il rassemble dans l’espoir 
            Tous ceux qui refusent leur sort 
          Le capitaine Johnson, alias Daniel Defoe, rapporte dans son « Histoire générale des plus fameux pirates » qu’une colonie de mutins se seraient établie aux environs de Diego Suarez, au Nord de Madagascar, donnant à leur commune libre le nom de Libetalia. La démocratie directe était mise en pratique par la participation de chacun aux décisions communes, sur terre comme sur mer. On y pratiquait la pêche, la chasse, l’agriculture et l’élevage en commun, tout devant être pour tous, la propriété privée étant aboli, l’argent était devenu inutile. Sur les bâtiments arraisonnés pour se procurer tout ce qu’ils ne pouvaient fabriquer, ils proposaient aux esclaves prisonniers comme à l’équipage de les rejoindre sur un pied d’égalité pour défendre la liberté qu’ils venaient proclamer et combattre les oppresseurs et non les opprimés. Dans la volonté d’effacer les frontières entre les nations, ces hommes s’étaient baptisés Libéri et condamnaient le système marchand basé sur la propriété, l’esclavage et le nationalisme tout en défendant les valeurs de justice, de démocratie et de liberté.  
          Et me voilà embarqué 
Pour une pitance avariée 
Des quarts toujours augmentés 
Et une paie toujours amputéeQu’avons-nous donc à perdre 
Assurément peu de chose 
De cette existence de merde 
Que nos maîtres nous imposent 
          On nous a dit cent fois 
            Que l’on risquait la mort 
            Marin réveille-toi 
            Notre navire est bourré d’or 
           | 
           | 
        
            
              A première vue, cette chanson pourrait sembler hors-propos, mais il suffit de se souvenir que l'histoire de Madagascar, c'est aussi l'histoire de l'Afrique. Tout ce que nous savons de Libertalia, nous le tenons de Daniel Defoe, ce célèbre écrivain qui savait s'y prendre pour nous faire rêver... 
                Cette fresque musicale essaie de mettre en scène des personnages exprimant leurs convictions et leurs motivations. Ainsi, le discours que Pascal nous fait entendre est un résumé de ce que l'auteur de "Robinson Crusoé" en raconte dans "L’histoire générale des plus fameux pirates", paru en deux tomes entre 1724 et 1728, tandis que ce qu'énonce Manu n'est autre que le discours du capitaine Samuel Bellamy s’adressant à un matelot d'un navire dont son équipage venait de s’emparer... Accordage en Ré ouvert !  | 
             
           
              
          Paix à tous les mat’lots 
Et guerre aux capitaines 
Les coups de fouet dans le dos 
Cicatrisent dans la haine 
          Hisse donc le drapeau noir 
            Frappé de la tête de mort 
            C’est bien celui de l’espoir 
            Pour tous ceux qui refusent leur sort 
          A l’abordage des marchands 
            On attaque toute autorité 
            On fait trembler les tyrans 
            Dès qu’on retrouve la liberté 
          Tu n’es qu’un chiot rampant, comme tous ceux qui consentent à se laisser gouverner par des lois que les riches imposent à leur avantage, parce que ces canailles n’ont rien trouvé de plus efficace pour garantir leur propre sécurité. Ah, mais vous pouvez tous aller au diable : eux parce qu’ils ne sont qu’une bande d’habiles fripouilles et vous, qui les servez, parce que vous êtes stupides et lâches. Ils nous condamnent ces crapules, alors qu’en vérité, la seule différence entre nous, c’est qu’ils volent les pauvres sous le couvert de la loi, et que nous pillons les riches sous le couvert de notre seul courage ! Ne ferais-tu pas mieux de devenir l’un des nôtres plutôt que de lécher le cul de ces ordures pour trouver du travail ?  
          C’est la fureur des océans,  
            la force de la mer et du vent 
          C’est la vengeance des pauvres gens,  
          marins, ouvriers, paysans  |